L’orientation scolaire et professionnelle

Stéréotypes de l’étudiant en situation de handicap physique. Regards des étudiants valides sur deux situations de handicap : le handicap moteur et la surdité

 

Souad Anegmar, Caroline Desombre, Gérald Delelis et Annick Durand-Delvigne

  • En France, la scolarisation des personnes en situation de handicap et leur inclusion sont des préoccupations sociales et politiques importantes (Albrecht, Ravaud, & Stiker, 2001). La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées témoignent de la volonté de modifier les stéréotypes à l’égard des personnes en situation de handicap en rendant visible cette minorité dans l’espace public et notamment dans le système scolaire. Elle préconise, pour les élèves et les étudiants en situation de handicap, l’inclusion en classe ordinaire.
    Malgré une évolution croissante du nombre d’élèves et d’étudiants en situation de handicap dans le système éducatif ordinaire (ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 2012 ; Ponticelli & Russ-Eft, 2009 ; Quick, Lehmann, & Deniston, 2003), la scolarisation reste limitée et l’insertion professionnelle difficile (Louvet, 2007 ; Ravaud & Fardeau, 1994). La poursuite d’études est en effet entravée par des facteurs psychosociaux qui agissent sur l’engagement scolaire et sur l’engagement social des élèves.

 

  •  L’engagement scolaire est mesuré par le temps que consacre la personne pour faire sesdevoirs ou la valeur qu’elle attribue à ses études. L’engagement social, quant à lui, se mesure par le sentiment d’appartenance, le soutien des amis ou encore la facilité à se faire des amis. Les individus qui poursuivent leurs études sont ceux qui ont un niveau Stéréotypes de l’étudiant en situation de handicap physique.

 

  • Dans l’enseignement supérieur, la poursuite d’études en doctorat ou encore l’orientation vers des filières prestigieuses sont particulièrement peu investies par les étudiants en situation de handicap. Cet état de fait a déjà été expliqué par les stéréotypes des enseignants (Agars, 2004 ; Bowen, Swim, & Jacobs, 2000 ; Elhoweris, 2008), notamment le fait que ceux-ci influencent les décisions d’orientation. Ces stéréotypes peuvent aussi être partagés par les étudiants et impacter l’orientation scolaire et professionnelle des étudiants en situation de handicap en biaisant les perceptions et en limitant les interactions estudiantines. C’est cet aspect que nous avons souhaité explorer. Plus précisément, l’objectif de cette étude est d’identifier les stéréotypes des étudiants valides à l’égard de leurs pairs en situation de handicap physique en fonction de la déficience. Il s’agira de déterminer les dimensions qui sous- tendent ces stéréotypes. La connaissance des stéréotypes permettra de mieux appréhender l’engagement social des étudiants en situation de handicap et d’éventuelles discriminations dans l’enseignement supérieur. Même si les stéréotypes négatifs ne conduisent pas toujours à de la discrimination, Tilcsik (2011) a néanmoins montré le lien entre l’adhésion aux stéréotypes et les comportements discriminatoires. Il apparaît ainsi qu’une meilleure connaissance des stéréotypes véhiculés par les étudiants valides peut permettre de développer des dispositifs mieux adaptés à l’inclusion de leurs pairs en situation de handicap dans l’enseignement supérieur.
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